Marathon du Mont Blanc : Les affres de VIRG'. La suite.
Dans la première partie,, tout allait bien pour nos 3 COP1DABORD à l'assaut du Mont Blanc.
Mais voilà... VIRG' poursuit son témoignage aussi personnel que prenant :
"J'entends la petite voie de Sylvie dans mes oreilles qui me dit, tu te ravitailles mais tu t'éternises pas..C'est ce que je fais, je me retourne, au loin Bernard me crie, on sera au 30éme km, je lui lance ok super à tout.
Puis j'attaque une belle montée, tranquille doucement car très raide, je m'y reprends en plusieurs fois et j'y arrive...Je poursuis mon chemin toujours dans le dénivelé mais à l'abri des arbres sur un sentier étroit.Je marche doucement mais sûrement tout va bien, je reste concentrée.
20 éme km : 3H45 à ma montre, je m'en souviens je la regarde à ce moment.là..
Si bien jusque là, ma vue se trouble, des maux de tête violents me prennent qu'est ce qui se passe ? Je viens de manger...Je m’assoies sur une pierre et le tournis est encore pire...
Je décide de me relever et là je renvoie tout ce que j'ai mangé...M....
Qu'est ce qui m'arrive ????
Je perds à ce moment là la notion du temps et de la montre, ça reviendra bien après...
Je m’arrête sans cesse, et je repars , je vois ainsi défiler bon nombre de coureurs, certains me demandent comment je vais ? D'autres passent leur chemin, mais il y en a une que je n'oublierai pas, je l'entends râler râler au téléphone...elle s’arrête près de moi,
-Ben qu'est ce t'as? et sans même attendre ma réponse, elle me dit,
-j'ai rien à bouffer, et comment je vais faire, il devait me rejoindre à cet endroit là...
Je lui donne une barre, pour qu'elle se taise, elle me l'arrache quasi des mains, repart alors que moi je reste là bêtement sur ma pierre..., elle se retourne et me dit
-eh merci pour la barre !!
Je me remets en route doucement, j'ai mal à la tête, mon cou est raide, je m'en rends compte davantage quand j'enlève mon « camel » pour prendre mon téléphone et les écouteurs... la musique celle que Manon m'a gentiment mise dessus. Ca va m'aider c'est sûr.. ..Je me passe Amir en boucle et le single de David Guetta de l'euro, rien n'y fait...je suis où ? Quelle heure est-il ??
Je suis seule, plus personne autour, ni derrière, je regarde le numéro d'urgence sur mon dossard, mais je me refuse de les appeler, j'appelle Bernard :
-je suis mal Bernard ça va pas le faire..
-Comme tu veux me répond t-il, je sens de la déception dans sa voix...je mets un sms à Belo, je sais qu'il est en route avec les filles...
Je marche de temps en temps, je m'assieds souvent ça tourne...et au loin, un coureur avec 2 femmes , en fait ce sont les serre-fils de la course, je leur décris ce qui m'arrive, à ce moment-là j'ai très froid, elles m'aident à mettre mon kway, qui semble trop léger à leur goût...elle me rajoute un des leurs, et me demande de marcher comme je peux, ne jamais rester immobile en montagne ou le moins longtemps possible me diront-elles.
Elles appellent le doc, lui décrivent mes symptômes, j'entends qu'ils cherchent une solution pour venir me chercher...de là où nous nous situons au 22 ème km selon ma montre, l'hélico semble être leur solution !! puis ils décident de venir me chercher en 4/4 mais il faut encore marcher un bon 600M de dénivelé....je dis ok et là je demande ? Vous pensez que je vais pouvoir repartir une fois que j'aurais vu le doc ??? J'ai envie de virer ce kway et de me barrer mais plus de force et ce mal de tête qui persiste...
Une des 2 me répond, je pense que cela n'est pas raisonnable....on marche, je ne parle plus, j'ai plus envie...je commence à réaliser que je vais redescendre en bagnole tout ce que j'ai monté en courant ou en marchant..
Les voilà, ils sont 3...le doc est le plus âgé, quand il me voit, il me demande de tourner la tête, ce que je parviens difficilement à faire...névralgies cervico-brachiales, qui entraînent une raideur des muscles du cou, nausées, vomissements...
Avez-vous déjà eu ce genre de soucis ? Oui...
Et là, la question fatale m'est posée ! « Vous abandonnez ? »
Il me semble que je n'ai pas le choix.. oui...à la radio, j'entends dossard 1414 ABANDON .J’arrête ma montre 5H09 depuis le départ de temps de course.
Me voilà à redescendre dans ce 4/4 ...J'ai froid, je ne sais plus à quoi je pense, à la déception de mes enfants, eux qui m'ont si souvent attendus le dimanche pour manger...
C'est long, ils me parlent, veulent savoir comme les 2 serres fils, d’où je viens, avec qui je suis etc...
Je me sens mal et la tristesse m'a déjà envahie.
Ils m'installent dans l'ambulance, je suis frigorifiée, ils me réchauffent, couverture, chauffage dans l'ambulance, dextro pour voir ma glycémie, prise de tension et pulse cardio.
RAS qu'ils disent au doc. Ok on attend, ses amis vont venir la chercher.
Nous sommes au 27,7km, la barrière horaire, sont-ils passés mes copains ?
J'entends le moment où ils arrêtent les coureurs ….ceux qui pourraient poursuivre le périple mais qui ne sont pas dans les temps.
Coup de fil de Bernard, plus d'essence dans le Touran, mais comment ouvre-t-on ta trappe à gas-oil?? lol! mes sauveurs, ...ils vont arriver bientôt et loupent de ma faute les autres, je ne pense qu'à cela à ce moment-là, qu'ils me déposent à l'appartement, pour qu'ils repartent vite pour Yannick et Sylvie.
Les voilà, ma tête tourne un peu moins mais j'ai le cou raide et douloureux, Marie veut rester avec moi à l'appart, je refuse cela...Elle ne veut pas me laisser seule. Très vite, je demande à Bernard, si j'ai le temps de me laver et de repartir avec eux à l'arrivée, il me dit tu as 1H. Yannick devrait arriver à 14H30. OK, je n'ai plus qu'une envie voir mes copains arrivaient.
On prend le téléphérique qui nous amène à l'arrivée, mon cœur se serre quand je vois l'endroit « finisher ».
On apprend par Mumu qui de l’Andalousie suit la course, puis par Belo qui m'appelle une fois, puis 2...Ils arriveront vers 16H30, 17H ..Il est 14H15 je crois...
J'ai froid de nouveau, les coureurs arrivent, les uns après les autres, j'en reconnais certains, les traits sont tirés, certains sourient, d'autres n'y arrivent plus, on les encourage, je m'endors quelques minutes...
Bernard les aperçoit, ça y est, je descends le plus possible les rejoindre...ils ont compris en me voyant ….d'abord YANNICK, une étreinte amicale... Pu…. !. je ne pensais pas que ça allait être si dur me dit-il. Au 36, j'ai voulu arrêter, mais Sylvie est revenue sur moi, heureusement. Et puis Sylvie, traits tirés, pâle, courbée, arrive, elle n'en peut plus... je pensais à toi me dit-elle les barrières...je leur dis en 2 mots mon état, mais allez il faut monter les copains, c'est fini dans 500M...je monte avec eux, je suis fière d'eux quel courage !!! Mais je n'en doutais pas, ils ont la niaque ces 2 là....
Voilà c'est fini, ils franchissent à 2 la ligne d'arrivée en 9H28...et moi je craque dans mon coin, les larmes coulent d'épuisement, de tension, de déception, Bernard et Marie me soutiennent, merci à eux.
Quelle aventure, remplie de joies, de rires, d'anecdotes partagées, de complicité...entre amis partageant une même passion, celle de relever les défis ensemble.
Le sentiment de déception persiste encore aujourd'hui, c'était pour moi la 1ere fois que je ne terminais pas une course.
Des "trails" flambants neufs m'attendent dans leur boite dans mon garage, je les rechausserai bientôt, j'espère et je compte bien le revoir de près ce Mont Blanc !!!
VIRG’-les COP1DABORD
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